Djokovic vs Karlovic Doha 2015 : Le roi sans solutions
- Quentin Accary
- May 4, 2023
- 3 min read
Updated: May 7, 2023

Il existe une situation à laquelle tout grands joueurs du tennis du 21ème siècle on dû faire face dans sa carrière .
Au sein d’une conférence de presse au lendemain d’une défaite difficile à digérer, un journaliste se lèvera et posera cette question n’ayant au passage aucun lien avec le dérouler de l’interview : « selon vous, quel joueur du top 3 est le GOAT ? »
Ce mot à la consonance étrange est en réalité une abréviation de l’expression « Greatest of all time » souvent utilisé pour désigner au choix Novak Djokovic, Rafael Nadal ou encore Roger Federer.
Le nombre de trophées remportés, l’esprit combatif, l’élégance du jeu, l’influence sur les générations suivantes constituent tout autant de critère qui rend cette énigme particulièrement difficile à résoudre.
Selon moi, cette question prend une telle place qu’elle en éclipse une autre pourtant tout aussi intéressante : Quel joueur a effectué la meilleure saison de l’histoire du tennis?
Sur une période de 12 mois, qui a été le plus proche de toucher la perfection absolue ?
La confiance engendrée par les victoires permettant bien souvent aux tennismans de s’accomplir au sommet de leurs arts et cela donne souvent lieu à des saisons marquées par la domination d'un même homme.
Nombreux sont les joueurs à avoir littéralement survolé la concurrence sur la période d’une saison.
L’Australien Rod Laver avait remporté les 4 tournois du grand chelem en 1969, Rafael Nadal avait été flamboyant en 2010 et que dire de la saison 2006 de Roger Federer qui possédait un taux de victoire de 95%.
Malgré ces statistiques affolantes, c’est à une autre légende du tennis que revient le trophée de la meilleure saison jamais effectué sur le circuit ATP.
Avec 82 victoires pour seulement 6 petites défaites, la saison 2015 a été l’occasion pour Novak Djokovic de démontrer la perfection de son jeu ne laissant que des miettes à ses adversaires.
Cette année-là , hormis Federer, Wawrinka et Andy Murray aux meilleurs de leurs formes, personne ne semble être en mesure de poser problème au serbe qui remportera 3 des 4 grand chelems.
Avec 11 titres remportés sur les 12 mois, la machine Djokovic semble bien huilée, pourtant une anomalie, une seule, parvient à faire déjouer les engrenages entachant ainsi le bilan comptable du serbe.
Nous sommes en Janvier, le tournoi de Doha constitue l’un des premiers rendez-vous majeurs de la saison au sein duquel les joueurs se règlent en préparation de l’Open d’Australie.
Survolant ses deux premiers tous sur le même score (6-1, 6-2) Djokovic envoie un message fort à ses concurrents : il est déjà prêt et vient chercher le titre.
C’est donc avec confiance que ce 8 janvier 2015, le serbe entre sur le terrain avant d’aborder son quart de finale.
Djokovic le sait : dans l’échange aucun adversaire ne lui fait face. Ce constat bien qu’indéniable ne s’applique cependant pas à son adversaire du jour qui est loin de posséder un tennis classique et paraît même pratiquer un sport différent.
Ivo Karlovic est croate, il est 23ème mondial, a déjà 36 ans et n’a jamais gagné de titre majeur sur le circuit ATP au long de sa longue carrière. Il est plutôt lent sur un terrain de tennis, a du mal à tenir le rythme sur un échange de plus de 5 frappes et sur le papier ne paraît donc pas être une menace pour Djokovic.
S'Il est intéressant de parler des faiblesses tennistiques du croate il est également important de mentionner que ce dernier mesure 2M12 et est en capacité de servir à plus de 250km.
La stratégie du croate est simple, assurer ses jeux de service et prendre le maximum de risques sur les jeux de retour afin de breaker son adversaire.
Ce plan peut vous paraître simple mais rappelons que Djokovic est considéré comme le meilleur retourneur de tous les temps et qu’il est en 2015, au sommet de son art.
Pas facile donc, même pour un géant de réussir à conserver son service dans ces conditions.
2H00 plus tard, le constat est flagrant. Djokovic n’a pas seulement échoué à prendre le service de son adversaire, il n’en a simplement toujours pas eu l’opportunité.
Pire encore, le serbe affiche une attitude totalement différente de celle qu’on lui connaît, nous donnant même l’impression de bâcler une fin de match qu’il considère probablement encore aujourd'hui comme injuste.
Son adversaire l’étouffe complètement et les jeux de service du croate paraissent ridiculement faciles face à un Djokovic qui ne sait que faire pour contrer les missiles croates avoisinant les 220 km/h.
Pourtant connu pour son calme et sa capacité de concentration, le n°1 mondial jette à plusieurs reprises sa raquette de rage et ses cris en disent long sur son état de frustration.
Au terme d’un beau combat, Karlovic remportera ce match sur le score accroché de 6-7 7-6 6-4, inscrivant au passage 21 aces contre le meilleur joueur de la planète tennis.
Il était impossible de battre Djokovic à la régulière et ça Karlovic l’avait bien compris..